Zygmunt Blazynsky

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Zygmunt Blazynsky lisant à l'intérieur du phare de Ouessant
à l'occasion du Salon du Livre insulaire, août 2009.
Diaporama complet du Salon dans la rubrique "Le Cinquantenaire et les Diaporamas"



Nous venons d'un abîme obscur ; nous aboutissons à un abîme obscur. L'espace de lumière entre ces deux abîmes, nous l'appelons la Vie.
Aussitôt, avec la naissance, commence la mort : à la fois le départ et le retour. A chaque instant nous mourons.
Voilà pourquoi il a souvent été proclamé : le but de la vie est la mort.
Mais aussi, à l'instant de la naissance, commence l'effort de création, afin de transformer la matière en vie. A chaque instant nous naissons.
Voilà pourquoi il a souvent été proclamé : Le but de la vie éphémère est l'immortalité.
Dans les corps vivants, deux courants luttent : l'un tend vers la composition, la vie, l'immortalité ; l'autre tend vers la décomposition, la matière, la mort. Tous deux ont leur source dans les profondeurs de la force primordiale.
Tout d'abord, la vie surprend. Elle parait illégale, contre nature - une réaction contre la volonté des ténèbres. Mais, en approfondissant, nous comprenons que la vie, elle aussi, est une volonté de l'Univers sans commencement ni fin. Sinon, quelle est cette force surhumaine qui nous projette du non-être dans l'être, qui nous donne à tous, plantes, animaux et hommes, le courage de la lutte ? Les deux courants contraires sont donc sacrés.
Notre devoir est de saisir la vision qui englobe et harmonise ces deux élans formidables, chaotiques et indestructibles, et d'ordonner pensées et actions selon cette vision.

 

Nikos KAZANTZAKI, Ascèse, texte établi par Aziz Izzet, Plon, 1972, pp. 21-22

 

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