
"Ascèse"
Résine, taille 53 sur 35 cm |

"Ascèse"
Résine, taille 53 sur 35 cm
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"Ascèse"
Résine, taille 53 sur 35 cm
Détail
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Rencontre Imaginaire avec Nikos Kazantzaki
Tâche quasiment vaine que de prétendre cheminer aux côtés de Nikos Kazantzaki dans son expérience mystique, puisqu'il a limité cette
capacité au seul moi, à l'individu. Un espace clos, où s'accomplit la lutte sans merci de la vie-lumière contre les ténèbres de l'abîme, du chaos, de la mort. Cette lutte de l'être opposé au non-être est le combat rédempteur de chacun face à l'anarchie informe du monde où ces deux forces s'affrontent.
« L'esprit tente d'ouvrir une brèche dans la forteresse de la matière,
y force une porte pour la sortie de mon Dieu ».
Arbres, bêtes et humains sont cette matière qui s'unit, se sépare, se multiplie. Il existe au coeur de cette matière des formes supérieures, celles que l'homme ressent aux tréfonds de lui-même, les lois de son esprit exaltées par les voix de son âme. Lois et voix ont le pouvoir de soumettre la matière «
de ronger les ténèbres de la chair », de transmuer la soumission à la matière-chair en liberté créatrice, active, en un destin enfin assumé.
Nikos Kazantzaki compare l'âme de l'homme à une flamme, à un arbre de feu. Ce feu serait «
le dernier masque de mon Dieu ».
Face à ce brasier, l'homme pris de vertige sentirait son esprit s'immobiliser, une sérénité silencieuse l'envahirait.
Les voix qu'il entendait, les forces qui le poussaient, s'apaiseraient et le feraient entrer par la porte d'un silence acquis, dans l'état lumineux de l'ascèse.
La sculpture « Ascèse », bûche d'un arbre embrasé, conserve au coeur de sa matière le noir brandon qu'une main de feu invisible saisit. La lumière entoure les ténèbres sans avoir pu complètement les anéantir. Le visage hiératique est peut-être celui de «
mon Dieu ».
Jenny Goethals
16.01.06 |