SAINT KAZANTZAKI
réflexions sur "La dernière tentation"
NOTES
(*) Avocat. Trésorier de la Section française
de la Société et ancien membre du Comité de coordination. Il a déjà publié
dans Le Regard crétois (n° 9 - juillet 1994), une étude intitulée : La
valeur de Kazantzaki pour un jeune. Par ailleurs, il a publié un ouvrage
sur Jean Cocteau, le poète aux mille tours, [en grec], Exandas, Athènes,
1999. Il réside à Paris.
(1) Le Regard crétois, n° 21 - juillet 2000, pp. 5-7. Ce poème résume
parfaitement l'essence de La dernière tentation et, de ce fait, il
l'annonce.
(2) Dialogue entre Ulysse et un jeune pêcheur très mince, personnification de
Jésus.
(3) Cet aspect psychanalytique a particulièrement irrité les ecclésiastiques.
Lire l'article du journal athénien To Vima, 27 février 1955, intitulé:
«Le Saint-Synode voit dans les livres de Kazantzaki les théories de Freud et
du matérialisme historique. Le document a été transmis hier au Parquet» [en
grec] ; Y. de Gentil-Baichis, «A propos du film La dernière tentation du
Christ. Méfions-nous des psychanalystes. Pour le théologien R. Scholtus,
un film sur les fantasmes sexuels de Jésus nous renseigne plutôt sur ceux de
l'auteur», le journal La Croix, 18 août 1988. Lire, enfin, l'étude de
G. Stamatiou, «L'élément onirique dans la vie et l'oeuvre de Kazantzaki», Le
Regard crétois, n° 5 - juin 1992, pp. 18-25.
(4) D. Thompson/1. Christie, Scorsese par Scorsese, Cahiers du cinéma,
1989, p. 152.
(5) Opium, [1930], Rombaldi, Paris, 1975, p. 143.
(6) Eleni Kazantzaki, Le dissident,
Canevas-L'Aire, pp. 540-541. Par ailleurs, on apprend, par l'inventaire de la
bibliothèque personnelle de Nikos Kazantzaki qui se trouve au Musée historique
de Crète, à Héraklion (publié, en 1997, par la Société d'Etudes
historiques crétoises), que celle-ci comprend plusieurs livres sur la religion
et la spiritualité, notamment l’Ancien
Testament, le Coran, une Introduction
à l'étude des hérésies religieuses, Les
deux sources de la morale et de la religion (de Henri Bergson), une
publication de la Société des Recherches bibliques de Los Angeles intitulée Le Messie : Sa nature et Sa Personne, ainsi que La
Religion (de Georg Simmel).
(7) « Pour Kazantzaki, Judas est le plus éclairé des apôtres, le
premier à comprendre que Jésus est le Messie. Il lui promet de l'aider à
remplir sa mission et c'est pour tenir sa promesse qu'il le livre aux soldats»
(C.-M. Tremois, «La croix et la manière», magazine Télérama,
n° 2020 du 28 septembre 1988, p. 43).
(8) Roger Caillois dans son Ponce Pilate (Gallimard, 1964) imaginait également que le juge,
ayant eu le courage de faire libérer Jésus, celui-ci vivait jusqu'à un âge
avancé.
(9) Dans son film, M. Scorsese met en avant cet aspect et s'explique ainsi : «J'ai
pensé que ce Jésus névropathe et même un peu psychopathe ne différait pas
essentiellement des changements d'atmosphère ou de psychologie, dont on a des
exemples brefs dans les Evangiles». Cité par D. Thompson/1. Christie, op. loc.
cit.
(10) Nikos Kazantzaki, Rapport au Greco,
Pocket, Paris, 1997, p. 327.
(11) Cf. Nikos Kazantzaki, Ascèse, Salvatores Dei, Le temps qu'il fait, Cognac, 1988, p. 113 :
« JE CROIS EN UN DIEU, AKRITAS DIGENIS, COMBATTANT DE DOUBLE NAISSANCE,
PUISSANT MAIS NON TOUT-PUISSANT, QUI LUTTE, ENGAGE DANS LE DOULOUREUX ET ETERNEL
COMBAT, AUX FRONTIERES ULTIMES ; IL EST LE COMMANDANT, LE SOUVERAIN DE TOUTES
LES FORCES, VISIBLES ET INVISIBLES, DE LUMIERE».
(12) Dans une lettre du 12 août 1995 adressée à Kl. Prifti, présidente de la
Section hellénique de la Société, S.E. Bartholomaios ler, Patriarche oecuménique
de Constantinople, s'exprime sur Nikos Kazantzaki : «Ce grand penseur et écrivain
fut, hélas, souvent prisonnier du dualisme manichéen de la pensée
occidentale. Pensée qui se trouve à l'opposé de notre Orient orthodoxe dans
laquelle chaque individu est pris en charge par Dieu au milieu de ses faiblesses».
Ce document a été publié dans Le Regard crétois, n° 13 - juillet 1996, p. 2.
(13) Nikos Kazantzaki, La dernière
tentation, Pocket, Paris, 1982, p. 134.
(14) Ibid., p. 7.
(15) Ibid., p. 8.
(16) Nikos Kazantzaki, Théâtre. Tragédies
à thèmes byzantins, Athènes, Difros, 1956, pp. 58-59 [en grec].
(17) Kazantzaki-Sipriot, Entretiens,
éd. du Rocher, Monaco, 1990, pp. 66-67.
(18) V. N. Stathoulis, Alexandre Iolas,
Athènes, Livanis, 1994, p. 42 [en grec].
(19) V.A. Bosquet, Whitman, Gallimard,
coll. La bibliothèque idéale, 1959, p. 135.
(20) A. Gide, Les Nourritures terrestres,
Gallimard, coll. Folio, 1996, p. 19.
(21) J. Cocteau, Le Potomak, Rombaldi,
Paris, 1975, pp. 78 et 207. Cet ouvrage faisait partie de la bibliothèque
personnelle de Nikos Kazantzaki (voir note 6).
(22) M.-L. Bidal-Baudier, Nikos Kazantzaki, Comment l'homme devient immortel, Plon, Paris,
1974, pp. 217-218.
(23) op. cit., p. 334.
(24) L'explication que Kazantzaki donne lui-même à ce mot est « le
fils préféré de la louve». V. le glossaire de L'Odyssée,
repris dans G. Stefanakis, Rapport à
Kazantzaki, Kastaniotis, Athènes, 1997, p. 475 [en grec].
(25) Cf. R. Rigouzzo, «L'humain dans
l'oeuvre de Kazantzaki», Le Regard crétois, n° 16 - décembre 1997, pp.
3-10.
(26) Contra M. Miles, Seeing and Believing. Religion and Values in the Movies, Boston,
Beacon Press, 1996, p. 37. Toute l'argumentation négative de cet auteur contre
le film est fondée sur cette fausse interprétation de La
dernière tentation.
(27) op. Cit., p. 507.
(28) Nikos Kazantzaki, Les frères ennemis,
Plon, Paris, 1965, p. 180.
(29) Op. Cit., p. 288.
(30) Cf. J. Vivilakis, «Divergences bibliques dans la tragédie Christ
de Kazantzaki», Autour du théâtre
de Nikos Kazantzaki, Athènes, Société internationale des Amis de Nikos
Kazantzaki, Section hellénique, 2000, pp. 50-64 [en grec].
(31) Contra M. Stavrou («La dernière
tentation», Neo Epipedo, n° 28-29,
1998, p. 10 [en grec]) qui trouve curieusement que La
dernière tentation est un roman «profondément
politisé». Or, cela, nous semble-t-il, n'est pas l'apport original de
Kazantzaki dans l'histoire du Christ. D'autres interprétations sont également
possibles : N. Vrettakos, dans son étude intitulée : Nikos
Kazantzaki, Son angoisse et son oeuvre, Athènes, Vivlioathinaïki, 1960,
pp. 691-713 [en grec], essaye d'identifier Kazantzaki au héros de La dernière tentation, en faisant un parallélisme entre la
période historique où se déroule le roman et l'époque où Kazantzaki
l'écrit (années '50) ; Y. Kordatos, dans son Histoire
de la littérature néohellénique, (tome B', Athènes, Epikerotita, 1983,
p. 565), [en grec], trouve chez le Christ de Kazantzaki un « réformateur
social ».
(32) V. D.-Ch. Gounelas, «Le «même» philosophique dans le Christ
de Nikos Kazantzaki», Autour du théâtre
de Nikos Kazantzaki, op. cit., p. 91.
(33) M.-L. Bidal-Baudier, op. cit., p. 206.
(34) La musique du film de Scorsese, composée par Peter Gabriel (Virgin Records
Ltd, 1989), souligne remarquablement les sentiments et l'atmosphère qui
imprègnent progressivement le spectateur. E. Martin, de l'Oratoire, n'est pas
du même avis : «[Il s'agit] d'une
musique pseudo-byzantine digne d'enrober un Orient de pacotille et de crocodile
empaillé», Le Figaro, 26/9/1988.
En réalité P. Gabriel a emprunté la plupart des rythmes à la Grèce, à la
Turquie, à l'Arménie, à l'Afrique du Nord et au Sénégal, il les a mixés
pour en faire une musique aussi primaire que possible. Cet étrange mélange de
musiques s'inscrit dans le même métissage culturel qui caractérise le film :
les Juifs parlent en arabe, les rôles des juifs sont joués par des Arabes et
ceux des chrétiens par des Américains.
(35) Le 30 juin 1954, le Saint-Synode a publié un avertissement à Kazantzaki
lui enjoignant de retirer les blasphèmes contenus dans Capétan
Mihalis [La liberté ou la mort], Le
Christ recrucifié et La Dernière
Tentation, sous peine de sanctions canoniques. V. C. Janiaud-Lust, Nikos
Kazantzaki. Sa vie, son oeuvre (1883-1957), Paris, Maspero, 1970, pp.
476-481. Quant au film de Scorsese, il a soulevé en 1988 les mêmes réactions
que... L'Age d'or de Luis Bunuel, en
1930 ! (cf. Les Cahiers du Musée National
dArt Moderne-Centre Pompidou, n° hors-série 1993, pp. 111-116). Sur cette
triste affaire, qui confond la lettre des Évangiles avec leur esprit, v. notre
annexe ci-dessous «La (cruci-) fiction de Martin Scorsese».
(36) Cf. M. Scorsese (entretien accordé à J.-L. Sablon, La
Revue du Cinéma, n° 442/1988, p. 54) : «Quand
on croit en Dieu, il faut s'interroger sur ses propres relations avec lui. Seul.
Sans prêtres. Face à face».
(37) Le Figaro, 27 octobre 1988.
(38) Cf. M. Miles, op. cit., pp. 26 sq. Dans un entretien avec l'acteur jouant
le Christ, W. Dafoe affirme: «Bien que j'aie une forte présence, il est facile au spectateur de se
projeter en moi, de s'identifier à moi : je ne suis pas intimidant». (B.
Renaud, «Willem Dafoe ou le complexe du héros», Cahiers du Cinéma, n° 412/1988, p. 18).
(39) Cf- le témoignage précieux de Elli Alexiou, soeur de la première épouse
de Nikos, Galatia, Pour devenir grand.
Biographie de Nikos Kazantzaki, Kastaniotis, Athènes, 1994, pp. 101-108 [en
grec].
(40) Nikos Kazantzaki, L'Odyssée,
tome II, Richelieu-Plon, Paris, 1969, p. 333 (chant
XXI).
(41)
op. Cit., p. 561.
(42) lbid., pp. 561-562.
(43) Ibid.
(44) Nikos Kazantzaki, Friedrich Nietzsche
dans la philosophie du droit et de l’Etat, [thèse de doctorat en grec,
1909], éd. Kazantzaki, Athènes, 1998, pp. 86-88.
(45) Nikos Kazantzaki, Le Christ
recrucifié, Pocket, Paris, 1987, pp. 29-30.
(46) op. cit., pp. 336-337.
(47) Ibid., p. 345.
(48) op. cit., pp. 491-493.
(49) J. Cocteau, La Machine infernale,
Rombaldi, 1975, p. 98. Cf. N. Kazantzaki, Comédie,
tragédie en un acte, Le Regard crétois, n° 18 - décembre 1998, p.9 :
« Comme des petits papillons entre ses mains, le Seigneur brise et broie
les âmes des êtres humains».
(50) V. G. Favre, «Le Christ de Kazantzaki, Le témoignage de la veuve du grand
écrivain à propos de la polémique suscitée par La
dernière tentation», Le Matin,
Lausanne, 4 septembre 1988, p. 13.
(51) op. Cit., pp. 602-603.
(52) «La dernière tentation ecclésiastique», Le
Monde, 13 septembre 1988.
(53) Le
Figaro, 26 septembre 1988.
(54) D. Thompson/l. Christie, op. cit., pp. 160-161.