LE CHRIST RECRUCIFIE

 

Likovrissi est un village grec d’Anatoli sous la domination turque, en 1922.
Sous l’autorité tout à tour débonnaire et redoutable de l’aga, on s’y prépare au jeu de la Passion, où les rôles sont tenus par les villageois. Mais voici que survient une troupe misérable de réfugiés venus d’un autre village dévasté par la guerre. Ce sont des êtres humains, ce sont des Grecs, ce sont des Chrétiens. Ils ont faim. Ils cherchent un peu de terre où s’établir. Ils se heurtent à l’avarice et à l’égoïsme des Likovrissiotes ; à part quelques-uns d’entre eux parmi lesquels l’humble berger Manolios celui-là même qui est chargé du rôle du Christ. Manolios et les quelques amis qui le suivent épousent la cause des réfugiés, et c’est vraiment le drame de la Passion qu’ils vont non pas jouer mais vivre, le drame de la passion avec ses apôtres, son Pilate, son Caïphe et son Judas.

 

1 Le Christ est ressuscité, mais en nous, dans notre chair, il est encore crucifié. Ressuscitons-le aussi en nous mes frères !
2 J’ai une faveur à te demander, (Saint) Pierre, laisse mon petit âne entrer aussi au paradis ; si nous n’entrons pas ensemble, je n’entre pas non plus.
3 Celui qui a des terres, s’écria le père Photis, celui qui a des terres et des arbres devient lui-même terre et arbre et son âme perd son visage divin.
4 Que de meurtres, d’infamies, de hontes s’entrelacent au tréfonds de l’âme ! Mais on reste honnêtes, faute d’oser. Les désirs demeurent toute la vie cachés, affamés, exaspérés, et empoisonnent le sang. En apparence, on n’a rien fait de mal dans sa vie. On dupe ses semblables mais on ne dupe pas Dieu.
5 Mes frères, la décision de l’homme est comme le fruit de l’arbre. Lentement, patiemment, sous l’action du soleil, de la pluie, du vent, le fruit mûri, jusqu’au jour où il tombe. Prenez patience, mes frères. N’interrogez personne d’autre que vous-même ; l’heure bénie viendra pour vous aussi
6 Entre l’arbre de la vie et l’arbre de la connaissance, dans le jardin du Créateur, la femme a planté l’arbre tendre de la bonté. C’est à l’ombre de ce dernier que vient reposer le Tout-Puissant.